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Pierrot Dupuy – Attention aux « brouteurs » africains, ces « arnacoeurs » du net

Chaque jour, je reçois -comme vous sans doute- une bonne dizaine de demandes d'amis sur Facebook de la part de charmantes jeunes femmes. Il y a cependant un problème : je ne les connais pas et quand j'approfondis un peu, je m'aperçois que leurs pages ont été créées récemment, qu'elles vivent souvent en métropole (même si certains poussent le vice jusqu'à se domicilier à La Réunion) et qu'elles ne comportent que peu d'amis. Il s'agit en fait de fausses pages envoyées par ce qu'on appelle des "brouteurs", par parallélisme avec ces animaux qui mangent sans effort, de jeunes hommes Ivoiriens ou Sénégalais qui arnaquent les hommes et les femmes esseulé(e)s en leur faisant croire qu'ils ou elles ont (enfin) trouvé le grand amour. En général avec une personne particulièrement belle, en général sexy quand il s'agit d'une femme, et riche. Pourquoi je vous écris à leur sujet particulièrement ce soir ? Parce-que deux d'entre eux, sans doute un peu moins malins que la moyenne, ou peut-être particulièrement distraits, m'ont aussi envoyé leurs photos, au milieu de celles de jeunes femmes qu'ils ont sûrement piquées sur une vraie page Facebook. L'occasion pour moi de vous mettre en garde contre ces "brouteurs" en vous racontant la mésaventure survenue à une ancienne voisine.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 19 janvier 2021 à 17H24

Appelons la Natacha*. Agée d’une cinquantaine d’années, elle peinait à élever seule son enfant d’une douzaine d’années. Elle habitait non loin d’une des anciennes adresses de Zinfos. Nous la voyions passer régulièrement devant nos locaux, avec toujours un petit mot, un sourire aux lèvres.

Elle travaillait, mais pour un salaire de misère. Pour arrondir ses fins de mois, elle faisait des « extras » le soir et les week-ends, ce qui lui avait permis de mettre une dizaine de milliers d’euros de côté pour financer plus tard les études de son fils.

Un jour, elle est contactée via Facebook par un homme de belle allure, de type métropolitain, se présentant comme vivant en Suisse et propriétaire de plusieurs mines d’or en Afrique. N’importe qui de sensé se serait méfié. Pas Natacha. Elle avait tellement envie de croire au Grand Amour…

Au début, tout allait bien. L’homme ne cessait de lui vanter les charmes de sa villa avec piscine, ses multiples voyages à l’étranger…

Au bout de quelques semaines, une fois la confiance instaurée, l’homme a commencé à évoquer un possible mariage. Les yeux de Natacha brillaient de bonheur. Elle passait des heures au téléphone, via Messenger, avec son « amoureux ».

J’avais été alerté par une amie de Natacha qui, flairant l’arnaque, avait essayé de l’alerter. En vain. Elle ne voulait rien entendre, toute à son rêve.

L’amie en question est venue m’en parler pour me demander conseil. Je lui ai confirmé qu’il s’agissait manifestement d’une arnaque et lui ai fortement conseillé de convaincre Natacha de mettre un terme à cette relation virtuelle qui risquait de mal tourner pour elle. Sans succès. Natacha ne voulait toujours rien entendre.

Puis arriva ce qui devait arriver. Un jour, le Suisse en question lui a annoncé qu’il devait partir en Côte d’Ivoire pour aller y acheter une nouvelle mine d’or. Qu’il devait payer en liquide, billets qu’il allait transporter dans sa valise. Un tout petit peu moins de 100.000€. Là aussi, vous auriez tiqué, devant un prix aussi ridicule pour une mine d’or. Pas Natacha, hypnotisée par son rêve de se marier prochainement avec un riche propriétaire de mines d’or. Il lui avait déjà vanté la cérémonie, la robe qu’il lui offrirait, les études qu’il paierait pour son fils…

Le lendemain, soi-disant arrivé en Côte d’Ivoire (qu’il n’avait en fait jamais quittée), il prétend que les vendeurs de la mine lui réclament un tout petit peu plus cher que le prix convenu. Juste quelques milliers d’euros. Une paille pour lui. Il demande alors à Natacha de lui prêter la somme, qu’il lui rendra au double dès qu’il reviendra en Suisse. Toujours selon son baratin, il a un problème avec sa carte bleue et ne peut retirer de l’argent dans une banque car elles sont fermées. On était un samedi.

Ce serait dommage de perdre une si belle occasion pour une somme aussi ridicule…

En entendant ça, vous vous seriez enfui en courant. Pas Natacha, qui prélève la somme sur le livret réservé aux futures études de son fils et lui envoie un mandat Western Union en Côte d’Ivoire…

L’histoire n’est pas finie…

Deux jours plus tard, Natacha reçoit un appel de Côte d’Ivoire d’un homme se présentant comme le directeur de l’hôpital d’Abidjan lui demandant si elle est la femme de M. X, le fameux Suisse. Elle répond que non, mais qu’elle le connait. Inquiète, elle lui demande la raison de son appel. C’est là que l’homme lui apprend que M. X aurait fait une crise cardiaque à l’aéroport au moment d’embarquer pour regagner la Suisse et qu’il a été transféré en urgence à l’hôpital. Et c’est en fouillant son portefeuille qu’il aurait trouvé son nom et son numéro de téléphone.

Et lui explique le prétendu directeur de l’hôpital, « ici, ce n’est pas comme en France. Il n’y a pas de Sécurité sociale. Si quelqu’un ne paye pas son hospitalisation, il va mourir« .

Natacha voit tous ses rêves s’envoler, si jamais M. X venait à décéder. Adieu veaux, vaches, cochons… Fini le mariage, la villa avec piscine, les études de son fils… Aussi quand l’homme lui demande si elle peut payer et que certainement M. X la remboursera quand il sera remis, elle accepte sans réfléchir plus avant. Comme par hasard, la somme demandée correspond très exactement à ce qui lui restait sur le livret mis de côté pour les études. Elle le vide et envoie un nouveau mandat Western Union…

Elle a tout de même un doute et en reparle à notre amie commune, qui m’en reparle.

Je lui suggère alors d’essayer de géolocaliser le M. X qui était sensé entre-temps être rentré en Suisse. Et là, catastrophe, elle découvre qu’il n’a jamais bougé de Côte d’Ivoire !

Son monde s’écroule et elle sombre dans une profonde dépression…

Voilà, c’était l’histoire vraie de Natacha. Il n’y a que son prénom que j’ai changé. J’espère que ça vous servira de leçon et que vous ferez comme moi, que vous bloquerez toutes ces demandes d’amis et d’amies un peu trop beaux et belles pour être honnêtes.

Les contes de fées, c’est uniquement dans les livres…

 

* Prénom d’emprunt

PS : Pour ceux que le sujet intéresse, je leur recommande cet excellent reportage de TV5 intitulé « [En Côte d’Ivoire, les « brouteurs, ces pros de l’escroquerie sentimentale sur internet]urlblank:https://information.tv5monde.com/afrique/en-cote-d-ivoire-les-brouteurs-ces-pros-de-l-escroquerie-sentimentale-sur-internet-292267 « .

 

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