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Harcèlement moral à la mairie de Saint-Benoît : Un invraisemblable panier de crabes !

Séance correctionnelle du mardi 15 juin 2021.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 16 juin 2021 à 14H58

« On m’a toujours reproché mon indulgence… Je suis trop respectueuse des gens pour faire ça… Il y a du bon en chacun… J’étais la Mère Térésa dans cette commune… » Et ce n’est qu’un petit florilège de ce que l’accusée a trouvé pour se défendre devant le tribunal où elle était convoquée pour avoir pourri la vie de l’ingénieur en chef communal, René Chane Laï, des années durant. Elle n’a pas cité Jésus, l’abbé Pierre ou Rigoberta Menchu mais c’était à un poil près.

Marylise C-K-B., directrice générale des services à la mairie de Saint-Benoît sous le règne de Jean-Claude Fruteau, était accusée ni plus ni moins de harcèlement moral envers l’ingénieur en chef en charge des bâtiments et des projets de réaménagement de cette commune. Mais ne voit pas du tout ce qu’on peut lui reprocher. « En fait, nous sommes des compagnons de route. Nous avons travaillé ensemble, ayant été embauchés quasiment en même temps. C’est un excellent technicien qui sait de quoi il parle, dit-elle de sa victime. J’ai beaucoup d’amitié pour lui ». Oups ! Qu’est-ce que ça aurait été si elle ne l’aimait pas, alors. Parce que…

Combines, coups bas, trahisons et Cie.

Architecte de formation, René Chane-Laï a été embauché à la commune de l’Est en février 1984, pour un simple contrat d’une année. II ne l’a plus quittée depuis : il est aujourd’hui Ingénieur en chef au 9è échelon, ce qui laisse supposer une certaine qualité de compétences et de travail. Marylise C-K. Entre dans les services communaux un an après son « ami d’enfance et d’école ». Elle est DGS (directrice générale des services).

De longues années durant, l’entente paraît cordiale, jusqu’en 2015 quand les conditions de travail de l’architecte se dégradent brutalement. Comment en est-on arrivé là ? L’histoire ne le dit pas mais les instances communales, là-bas, semblent être le pire des paniers à crabes de notre connaissance. On sait bien que dans les services municipaux de France, de Navarre, de Pétaouchnok ou du Tampon, c’est jalousies, combines, coups bas, trahisons et compagnie. Mais à ce point !

Pour preuve : pas un seul représentant de la commune n’est là. Une omerta parfaite ; pour vivre heureux, vivons couchés ! « C’est pas à moi de… C’est l’autorité qui… C’est le DGA… C’est la DGS… C’est le DRH… C’est à eux de voir… Je ne signe rien, moi… C’est tout juste si je le connais… » Je suppose que plus d’un enquêteur (soulignons le travail de fourmis des gendarmes) a dû s’arracher quelques poignées de tifs.

Parce qu’il faut souligner qu’on a droit à deux grandes premières dans cette histoire d’une débilité confondante.

Et d’une, c’est bien la toute première fois qu’une femme est accusée de harcèlement. D’habitude, c’est plutôt les mecs. Et de deux, c’est aussi la première fois qu’une commune porte plainte contre sa directrice générale des services. Excusez du peu. Les faits reprochés à l’accusée laissent pantois et seraient de nature à dissuader qui que ce soit d’entrer dans la fonction publique territoriale. Heureusement qu’il y a quand même de bons fonctionnaires territoriaux.

« Son fichu caractère »

L’architecte, dont le dossier ne révèle aucun manquement durant ses décennies de service, se voit changé de service sans préavis. Puis son bureau est déménagé dans le service de gardiennage. On le colle au conseil de discipline pour un vague motif de désobéissance totalement faux au demeurant. La sanction de ce conseil sera annulée par le Tribunal administratif. Son poste est supprimé. On ne lui donne plus rien à faire. Il disparaît de l’organigramme communal du jour au lendemain. Il se retrouve enfin déplacé à l’étage d’un bâtiment communal insalubre, seul, sans secrétaire, sans feuille de route : il passe là ses journées solitaires, à se dégrader moralement, psychologiquement et physiquement. Une détresse morale médicalement constatée.

A côté de ces harcèlements physiques, il y a les intentions plus ou moins larvées rapportées par témoins. Du style : « Je lui réglerai son compte, à ton collègue, et puis ce sera ton tour ! »

Pourtant, affirme l’accusée, « Je discute ; je n’impose jamais rien. Je n’ai jamais eu de problème avec lui. Je n’ai rien à lui reprocher. Je reste bienveillante envers lui ».

Avant de dire quand même : « S’il a des problèmes avec tout le monde, c’est sans doute à cause de son caractère et il a loupé là une belle carrière » .

Toujours est-il que si seule la plainte de l’architecte a été prise en considération, plusieurs autres, classées sans suite, ont été déposée contre la dynamique DGS.

Faut-il y voir la conséquence d’une guerre des clans ?

Une poubelle aux relents nauséabonds

La politique repointe le bout de son nez. Selon un témoin : « Le but des menaces, des actions sournoises, était de nous faire craquer pour que nous partions, parce que René ou moi, et quelques autres aussi, n’avons jamais adhéré à aucun parti politique et dans l’administration communale, c’est très très mal vu ».

Restent quelques textos soigneusement récapitulés par les enquêteurs, comme celui-ci, de l’accusée envers sa victime : « Tu fais toujours tout pour pourrir l’image de la mairie ! » Drôle de preuve d’amitié.

Tout au long des débats il en sera ainsi, avec dénégations, contre-vérités, faux-fuyants, dénis. L’affaire soulève un drôle de couvercle de poubelle, laquelle dégage des relents de tiraillements, de luttes d’influence, de rancoeurs, coups bas, coups en douce, coups fourrés, trahisons ici ou là, inimitiés, on-dits et autres ladi lafé. Le tout-venant de la perversité, en somme.

« Méchanceté sans limites… sadisme… » (sic !)

Me Iqbal Akhoun, pour la victime, n’eut aucun mal à mettre en avant l’isolement physique et moral de son client, l’inoccupation forcée, les procédures disciplinaires sans rime ni raison « pour un ingénieur en chef au dossier sans le moindre accroc 35 ans durant ». L’avocat a également souligné le déni total dans lequel s’enferre l’accusée, et sa mauvaise foi. Ce fut le premier boulet.

Le bâtonnier Georges-André Hoarau, mandaté par la commune, partie civile, a tiré comme à son habitude, une volée de boulets rouges. Pourquoi cette partie civile ? Parce que l’architecte, rémunéré à hauteur de 5.000 euros mensuels, a été payé des mois durant à ne rien faire, sans que ce fût de sa faute. La commune tient donc à récupérer, à travers la DGS, les salaires versés à contre-raison. Quelques dizaines de milliers d’euros.

Se plantant du haut de son mètre quatre-vingt-dix devant l’accusée, haute d’au moins un mètre soixante (elle faisait pitié sous les assauts de l’avocat saint-pierrois), il l’a littéralement écrasée sous ses coups de boutoir : « Mère Térésa, non mais… Quel tricotage !… Si tous vos amis sont dans cet état (il pointe du doigt l’architecte)… Méchanceté sans limites… Sadisme… » et j’en passe. Si l’intervention du bâtonnier fut très brève, quelle charge, les amis !

La Procureur a insisté sur la souffrance réelle, le manque de considération comme de respect dont la victime a pâti, la volonté manifeste de le démolir physiquement, le « déni infantilisant » de la DGS, avant de demander 18 mois avec sursis à son encontre.

Me Rapady, comme à son habitude, a pris tout son temps pour décortiquer millimètre par millimètre, les moindres arcanes de ce dossier hors du commun. Soulignant que l’accusée, elle aussi, n’a aucune mauvaise mention à son dossier, l’avocat, très habilement, a soulevé les contradictions troublantes du dossier. Venant à « enfoncer » la victime, Me Rapady a demandé la relaxe de sa cliente.

Verdict le 17 juillet.

 

 

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